DÉCÈS D'ANDRÉS AYLWIN, AVOCAT ET DÉFENSEUR DES DROITS DE L'HOMME AU CHILI À L’ÂGE DE 93 ANS

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

DÉCÈS ANDRÉS AYLWIN, AVOCAT ET DÉFENSEUR DES
DROITS DE L'HOMME AU CHILI À L’ÂGE DE 93 ANS
PHOTO AGENCIA ATON

C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès d’Andrés Aylwin, survenu le lundi 20 août 2018 à Santiago du Chili.

Leo Paredes 

DÉCÈS D'ANDRÉS AYLWIN

andrés Aylwin Azocar, né à Viña del Mar le 20 juin 1925, fut un homme politique et avocat démocrate-chrétien. Il a été député de la République du Chili entre 1965-1973 et 1990-1998. Il était frère de l'ancien président Patricio Aylwin.

Il a été l'un des militants démocrates-chrétiens signataires d’une déclaration publique condamnant fermement le putsch du 11 septembre 1973, connue ensuite comme Déclaration du « Groupe des Treize ».

DÉCLARATION DU 
« GROUPE DES TREIZE »

Il subit par la suite une période de bannissement intérieur, relégué dans une localité isolée à l’extrême Nord du Chili, qui le maintint éloigné de l'activité politique.

Une fois relâché, il a été un avocat très actif dans la sauvegarde des droits de l'homme, assumant la défense des prisonniers politiques et comme collaborateur du Vicariat de la Solidarité. Il œuvre aussi à la récupération de la démocratie en participant au Comité Pro Paz. Au retour de son exil, en 1978, il est élu président du Groupe d'Avocats défenseurs des droits de l'homme, puis directeur de la Commission Contre la Torture, et il a exercé un rôle central comme partie civile dans des nombreux dossiers de détenus disparus.

Andrés Aylwin a témoigné de ses expériences durant la dictature militaire d'Augusto Pinochet dans ses livres, « Ocho días de un relegado », (Huit jours d’un relégué, 1989), « Simplemente lo que vi: 1973-1990 y los imperativos que surgen del dolor », (Simplement ce que j'ai vu : 1973-1990 et les impératifs qui surgissent de la douleur, 2003), non traduits en Français. Il a écrit aussi comme collaborateur du journal « La Época », pendant 1990.

 LP

Notes :

1. Le « Groupe des 13 », ce sont treize dirigeants de la Démocratie chrétienne, réunis autour de Bernardo Leighton, qui ont signé le 13 septembre 1973 une déclaration condamnant fermement le putsch. C’était en dissidence par rapport à la majorité du parti centriste, alors largement pro dictature. Interdite de diffusion par les médias chiliens, cette déclaration a circulée dans les agences de presse internationales et les ambassades.
2. Bernardo Leighton Guzmán (1909-1995), avocat et homme politique centriste chilien. Cofondateur de la Phalange nationale (1938) puis du PDC (1957), il a été Ministre d’État de trois administrations, puis Ministre de l’intérieur et l'un des proches collaborateurs du président d’Eduardo Frei Montalva. Réélu député en mars 1973, Leighton a été l’un des représentants du courant progressiste de la DC, favorable au dialogue avec l’UP. Forcé à l’exil par la dictature militaire, il a été une des cibles de l’appareil extérieur de la DINA, la puissante Gestapo de Pinochet. Bernardo Leighton et sa femme ont échappé à un attentat à Rome en 1975.
3. Le Comité Pro Paz avait été créé dès le lendemain du coup d'État du 11 septembre 1973, associant juifs et catholiques dans la dénonciation des violations des droits de l'homme commises par les forces armées chiliennes. La junte de Pinochet contraignit en 1975 le Comité à se dissoudre, menant l'archevêque Raúl Silva Henríquez à obtenir la création du Vicariat de la Solidarité sous la protection pontificale.