mercredi 15 août 2018

AU CHILI, DÉMISSION D'UN MINISTRE QUI AVAIT CRITIQUÉ LE MUSÉE DES VICTIMES DE LA DICTATURE

AU MUSÉE DE LA MÉMOIRE, À SANTIAGO DU CHILI,
N OCTOBRE 2017.
PHOTO  MARTIN BERNETTI / AFP
Le président chilien Sebastian Piñera a accepté lundi la démission du ministre de la Culture, l'écrivain Mauricio Rojas, quatre jours après sa nomination, auteur de propos polémiques sur le Musée de la Mémoire et des droits de l'Homme, dédié aux victimes de la dictature. L'écrivain Mauricio Rojas avait été nommé jeudi dans le cadre d'un remaniement ministériel opéré par Sebastian Piñera, cinq mois après son investiture.

MAURICIO ROJAS
PHOTO LA TERCERA
Dans la foulée de sa nomination, la presse chilienne a ressorti une phrase écrite par Mauricio Rojas il y a trois ans dans son ouvrage "Dialógo de Conversos". Le musée est "un montage dont l'objectif, somme toute réussi, est de choquer le visiteur, le laisser stupéfait et l'empêcher de raisonner", écrivait-il à propos de l'institution qui commémore les 3.200 victimes, morts ou disparus, de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).
Des propos fermement critiqués par des personnalités du monde de la culture, qui ont immédiatement appelé à sa démission pour avoir "relativisé" les violations des droits de l'Homme commises par les militaires.

"En tant que président du Chili et ne pensant qu'à l'intérêt de notre pays (...) j'ai décidé d'accepter la démission du ministre Mauricio Rojas", a annoncé M. Piñera, lors d'une intervention ce lundi, au palais présidentiel de La Moneda.

L'archéologue Consuelo Valdés a été nommée ministre de la Culture à la place.

Toutefois, lors de son discours, le président a affirmé ne pas partager "la volonté de certains secteurs du pays qui veulent imposer une vérité absolue, qui ne font preuve d'aucune tolérance ou qui ne respectent pas la liberté d'expression et d'opinion de tous nos compatriotes".

CAPTURE D'ÉCRAN 
"Je n'ai jamais minimisé, ni justifié les inacceptables, systématiques et gravissimes violations des droits de l'homme ayant eu lieu au Chili", s'est défendu sur Twitter Mauricio Rojas.

En 2016, il avait qualifié ce même lieu de mémoire de "musée de gauche, qui raconte une fausse version de l'histoire du Chili", au cours d'une interview avec la chaîne d'information CNNCHile.

Le musée de la Mémoire fut inauguré en 2010 par l'ancienne présidente socialiste, Michelle Bachelet, à la fin de son premier mandat. Il fut l'un des projets emblématiques de la première femme qui gouverna deux fois le Chili, et qui fut détenue et torturée sous la dictature.

AFP